Agassa, Ohê, Otô, Adjra, Tori, Manguè : six divinités ethniques en une, avec une spécialité (Découverte)
Elles sont peu connues chez certains. Mais qui a entendu une fois parlé des vodouns Hounvê au Bénin fait allusion peut-être sans le savoir à ces six divinités ethniques. Agassa, Ohê, Otô, Adjra, Tori et Manguè représentés par les vodouns Hounvê, font partir des divinités protectrices du Bénin, non importées et dont les pratiques occultes ne sont pas ouvertes à tous. Une particularité qui caractérise ces divinités nous a confié Adanklounon Sètondji, nouveau président de l’association des Agassa, Ohê, Otô, Adjra, Tori, Manguè du Bénin.
Une histoire de six ethnies et donc de six divinités unies et formant le vodoun Hounvè. Reconnues parmi les puissantes divinités du Bénin, les entités Agassa, Ohê, Otô, Adjra, Tori, Manguè ont comme origine Hêvié , une localité béninoise près de Cococodji. Il s’agit des divinités ancestrales implantées un peu partout au Bénin mais a beaucoup plus sa racine dans la région de l’Ouémé. Contrairement aux divinités dites importées, « les vodouns hounvè sont plutôt une affaire de collectivités béninoises », précise le dignitaire Adanklounon.
Protectrices quand on respecte leurs interdits, mais ces divinités peuvent également sanctionner
« Leur mission est assez pointue et spécifique », dira Adanclounon Sètondji. Pour le président national, ces vodouns jouent d’une part un rôle de gardien de temple et aussi de censeur dans les pratiques ancestrales. « Au-delà de ce que nous purifions la ville et nos différentes localités, nous censurons également ceux qui profanent les divinités, peu importe le type de divinité et ces sanctions peuvent être fatales pour ceux qui s’adonnent à ces actes irréguliers » a-t-il précisé. De ses explications, on retient que c’est des divinités qui protègent. Toutefois, il faut être en règle avec ses principes pour bénéficier de ses grâces. « L’adultère et l’avortement sont par exemple proscrits chez nous, l’assassinat également », a laissé entendre Sètondji Adanklounon. « Les faux témoignages sont également interdits chez les adeptes ainsi que les propos calomnieux pouvant détruire son prochain », va -t-il poursuivre avant de rappeler qu’au-delà de ces interdits généraux, chacune des six ethnies a aussi ses interdits internes, notamment alimentaires qu’il faudra « respecter à la lettre pour bénéficier des grâces de ces divinités »
« Hounwê » ; cette cérémonie annuelle par lesquelles ces divinités se nourrissent
« Chaque année, on donne à manger à ces vodouns à travers une cérémonie annuelle que nous appelons Hounwê », renseigne le nouveau président de l’association unissant ces divinités. Selon ses explications, cette date est fixée bien après des séries de rituels et après consultation de l’oracle. A cette occasion, des rituels sont faits en faveurs de ces divinités. Occasion de profession de foi et de serment aussi, il s’agit également d’un moment propice pour les adeptes et dignitaires pour se purifier de nouveau. Si certaines divinités prennent des cabris femelles, d’autres acceptent plutôt des cabris mâles non séquestrés, fait croire l’adepte de la divinité Ohê. Des poulets sont également sollicités dans les rituels avec du haricot qui doit être préparé sans farine de maïs pour les divinités. « Celle qui doit se charger de la préparation doit être une femme pure », rappelle-t-il.
Quid de celui qui souhaite devenir adepte de cette divinité ?
N’importe qui peut-il être adepte de cette divinité ? A cette question, le président de l’association Agassa, Ohê, Otô, Adjra, Tori, Manguè du Bénin a été catégorique. « Jamais, c’est impossible », a-t-il rétorqué. « Il n’y a pas de camaraderie », va-t-il lancé par la suite avec humour. Selon ses dires, il faut forcement être de la famille ou de ces différentes ethnies avant d’espérer être initié. « C’est la particularité et la spécialité de nos divinités contrairement aux autres où on peut constater l’initiation des blancs ou occidentaux dans certains couvents par endroits », a laissé entendre le garant de la tradition béninoise. « Même si l’intéressé est maternellement de la famille, on ne lui permet pas d’aller en profondeur » a-t-il conclu.
Adanklounon Sètondji est à la tête de l’association depuis moins de trois mois. Il est choisi par ses pairs suite au décès de l’ancien président Agossou Assogba Bienvenu ayant passé plusieurs années à la tête de l’association.
Ghislain Dossa Kakpo
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