Alternance au pouvoir et développement durable : Deux mots qui ne sont toujours pas compatibles selon Dr Bertin Koovi
(Le conférencier évoque quelques arguments pour soutenir sa thèse)
Lors d’une conférence de presse tenue à Cotonou ce 10 février 2025, Dr Bertin Koovi a jeté un pavé dans la mare du débat politique africain. Sous le thème « Démocratie, alternance et développement : Quelle voie pour l’Afrique et le Bénin ? », il a remis en question l’idée largement répandue selon laquelle l’alternance au pouvoir serait un moteur incontournable du progrès et appelle à une réflexion profonde à l’avenir.
Devant une assemblée de journalistes, Dr Koovi a insisté sur l’urgence d’une réflexion profonde et pragmatique sur les liens entre développement durable, démocratie et alternance au pouvoir. Selon lui, l’alternance n’est pas une fin en soi ni une garantie de prospérité.

Il a illustré son propos par les expériences vécues lors de son récent déplacement à Sori-Gogounou à l’intérieur du Bénin, où il a échangé avec des producteurs de coton et des agriculteurs. Ces derniers ont témoigné des transformations positives observées sous la gouvernance du Président Patrice Talon et ont exprimé leur souhait de voir cette dynamique se poursuivre au-delà de 2026.
Le docteur en économie fondamentale a réfuté avec fermeté l’idée selon laquelle le simple changement de dirigeants suffirait à assurer un développement durable. Il a rappelé que plusieurs pays africains ayant connu des alternances fréquentes n’ont pas pour autant amélioré leur situation économique et sociale. Au contraire, dans certains cas, ces transitions parfois mal préparées ont freiné les réformes et plongé les États dans l’instabilité.
Pour lui, ce qui importe, ce ne sont pas les changements de dirigeants, mais la continuité des réformes efficaces. Le Bénin, sous l’administration actuelle, a amorcé une transformation profonde qui ne doit pas être interrompue brutalement. Il s’agit d’un appel à la stabilité et à la consolidation des acquis, plutôt qu’à des alternances, soutient le conférencier, prenant l’exemple de l’Asie qui a longtemps misé sur la stabilité et la continuité des politiques de développement.
« Prenons l’exemple des Etats-Unis, Franklin D. Roosveelt a été élu 4 fois car le peuple américain considérait que c’était lui l’homme de la situation en pleine crise mondiale. C’est après lui que la limitation à deux mandats a été introduite », rappelle-t-il. Le conférencier a aussi pris l’exemple de Angela Merkel qui a dirigé l’Allemagne pendant 16 ans pour conclure que l’idée selon laquelle l’alternance automatique garantit la démocratie est un faux débat.
Les producteurs qu’il a rencontrés n’ont pas caché leur inquiétude face à une éventuelle rupture dans la gouvernance du pays. Pour eux, les avancées réalisées dans les domaines de l’agriculture, des infrastructures et de l’économie ne doivent pas être sacrifiées sur l’autel d’un changement politique arbitraire. Leur demande est claire : poursuivre les réformes entamées pour assurer un développement durable et inclusif a-t-il rapporté.
Dr Bertin Koovi, pour finir a appelé à un débat sincère et pragmatique sur l’avenir politique du Bénin et de l’Afrique. Il a exhorté les citoyens et les leaders politiques à écouter la voix du peuple, qui aspire à une gouvernance efficace, stable et tournée vers le progrès plutôt qu’à une alternance systématique qui pourrait s’avérer contre-productive.
Ghislain Dossa Kakpo