Culture : « Nous voulons faire du Festival Couleurs d’Afrique, ce que le MASA d’Abidjan représente pour la Côte d’Ivoire », Ériyomi ADÉOSSI directeur du FCA
Le festival couleurs d’Afrique est, cette année à sa troisième édition. Du 15 au 19 décembre 2021 à Porto-Novo, capitale du Bénin, l’évènement aura lieu avec beaucoup d’innovations, informe le directeur du festival Ériyomi ADÉOSSI. A travers une interview accordée à la rédaction du web journal Info du moment, le promoteur culturel béninois livre ses ambitions pour ce festival, donne plus de détails sur cet évènement culturel d’envergure internationale et revient également sur le bilan des deux dernières éditions. Lire ci-dessous, l’intégralité de l’interview.
IDM : Bonjour Mr Ériyomi E. ADÉOSSI. Vous êtes le Directeur du Festival Couleurs d’Afrique qui sera en décembre prochain à sa troisième édition. Parlez-nous d’abord des raisons qui ont motivé une telle initiative.
Bonjour Mr le journaliste. Merci pour l’occasion que vous me donnez pour parler de notre projet du Festival Couleurs d’Afrique. Pour répondre à votre question, je dirai d’entrée que le Festival Couleurs d’Afrique est un projet porté par l’association ‘’Culture et Développement d’Ici et d’Ailleurs’’ dont je suis le Président. L’initiative est le fruit de réflexion de toute une équipe. L’idée est partie d’un premier constat : la majorité des plus grandes figures de la musique africaine, lorsqu’elles viennent au Bénin, elles sont limitées à se produire en partie à Cotonou qui est la capitale économique de notre pays. Alors que, les villes comme Porto-Novo, Ouidah, Parakou, Ifangni, Kétou, Abomey et bien d’autres regorgent également de populations curieuses qui rêvent eux aussi de découvrir ces grandes figures. Le deuxième constat est simple : notre beau pays le Bénin n’a pas encore un évènement culturel et artistique d’envergure internationale qui draine à la fois des artistes musiciens, comédiens, cinéastes, humoristes, réalisateurs, programmeurs, diffuseurs, directeurs de festivals internationaux, entrepreneurs culturels et producteurs, touristes et d’autres professionnels du secteur des arts et de la culture de plusieurs pays d’Afrique et du monde. C’est donc, pour aboutir à cela au fil des années et amener également une initiative d’une grande envergure près des populations loin de Cotonou que nous avons mis en place le Festival Couleurs d’Afrique. Il s’agit surtout d’un marché des arts et de la culture africaine pour lequel le Bénin se positionne comme un carrefour qui devra chaque année servir de vitrine pour la valorisation des patrimoines matériels et immatériels du continent africain et de ses diasporas.
IDM : Après l’organisation des deux dernières éditions du festival, quel bilan pouvez-vous faire et dites-nous si vous êtes satisfaits de ce bilan ?
Nous avons fait la première édition du 19 au 22 décembre 2019. À ce premier coup d’essai, nous étions surpris de l’engouement qu’il y avait autour de l’initiative. Plus d’une quarantaine d’artistes et groupes d’artistes, de compagnies et de professionnels provenant d’une vingtaine de pays d’Afrique, d’Europe, des Antilles et des Caraïbes ont manifesté le désir de participer activement au festival. Finalement, compte tenu de nos moyens très limités, nous n’avons reçu que sept (7) pays dont : le Maroc, le Togo, le Nigéria, l’Haïti, le Gabon et le Niger. C’est pour vous dire que nous étions heureux que les gens s’y intéressent. Sur les visages de ces nombreuses personnes qui se sont déplacées sur l’esplanade de l’assemblée nationale à Porto-Novo, la joie se lisait naturellement. Pour l’édition 2020, malgré la pandémie du coronavirus qui sévit encore un peu partout, vous avez remarqué la forte mobilisation autour de l’édition spéciale que nous avons organisée. C’est l’occasion pour moi de remercier tous les participants en occurrence l’ancien Secrétaire Général de l’OIF et Directeur Général de la Bibliothèque et Archives Nationales de Québec Mr Jean-Louis ROY ; Mme Mélina Seymour de l’ONG Africa Mondo, l’ancien directeur des Journées Musicales de Carthage et tous les autres qui ont fait de l’édition 2020 une réussite. Nous avons conclu qu’au-delà du Bénin, le besoin de rendre les créateurs mobiles à travers de telle initiative se faisait remarquer. Notre continent a besoin d’un tel projet et nous sommes ravis que ce soit notre pays qui servira de vitrine.
IDM : Des festivals notamment de musique, il y en a dans la sous-région et même dans votre pays, le Bénin. Pourtant, vous en avez créé de plus. Quelle est la particularité du Festival Couleurs d’Afrique ?
Il est important pour moi de vous préciser que tous les festivals de musiques n’ont pas les mêmes objectifs ; et je dirai aussi qu’ils n’ont pas les mêmes envergures. Des festivals de musiques existent par exemple au Bénin mais en majorité ne sont pas ouverts aux participants extérieurs et n’embrassent pas d’autres disciplines de l’art. Sur le continent, parmi tous les festivals qui existent, il y a ceux qui sont des références. La particularité du Festival Couleurs d’Afrique se retrouve surtout dans sa programmation et son ouverture vers les diasporas africaines et les régions des caraïbes et des Antilles. Notre association, en mettant en place le festival vise plusieurs objectifs à atteindre dont : promouvoir et faciliter le brassage culturel ; favoriser le dialogue interculturel entre les peuples d’Afrique et ses diasporas ; développer des réseaux entre les acteurs et les professionnels de l’industrie musicale, cinématographique et des arts visuels ; révéler et mettre en valeur les riches patrimoines matériels et immatériels du continent africain et de ses diasporas ; favoriser l’émergence de nouveaux talents ; accompagner le développement de la professionnalisation des artistes et orienter les acteurs culturels vers de nouveaux challenges à dimension régionale et internationale. Le Festival Couleurs d’Afrique dont le nom est le reflet d’une fusion de la culture africaine se présente comme un nouveau marché des arts et de la culture africaine.
IDM : Le comité d’organisation de l’édition 2021 en préparation dont vous êtes le Président a annoncé les dates officielles. Parlez-nous des activités prévues et les pays invités cette année au Festival Couleurs d’Afrique ?
Effectivement, nous avons annoncé la 3ème édition du festival pour la période du 15 au 19 décembre prochain. Il est prévu pour cette année à Porto-Novo des conférences, des rencontres professionnelles, de géants spectacles vivants (musique, danse, humour, cirques, mode), des projections de documentaires ; à Ouidah nous aurons des expositions d’arts, de réalisations des fresques murales et graffitis, des master-class de danse et des visites touristiques. Simultanément à Porto-Novo et Ouidah, il y aura des ateliers d’initiations aux métiers de l’art pour enfants de 4 à 16 ans. Au nombre des pays invités pour cette édition du festival, il y a la Guadeloupe, le Kenya, le Sénégal, le Tchad, la Tunisie, le Burkina Faso, l’Ouganda, le Congo RDC, le Madagascar et bien d’autres encore. Nous espérons avoir les moyens nécessaires pour accueillir au moins une dizaine de pays.
IDM : À vous suivre, vous rêvez grand pour ce festival. Mais, est-ce que vous avez les moyens pour faire face à cette politique ?
L’essentiel est que nous croyons en notre projet et nous ne croisons pas les bras pour sa réalisation. Les moyens viendront assurément pour élever le niveau. Ne dit-on pas qu’à cœur vaillant, rien d’impossible ?
IDM : Le Festival Couleurs d’Afrique bénéficie-t-il de soutien considérable de la part du gouvernement et d’autres partenaires nationaux et internationaux ?
Je n’aimerais pas offusquer les autorités en charge de la culture dans notre pays. Nous les remercions pour ce qu’ils font déjà pour nous et pour d’autres festivals sur place. Je dirai tout simplement que nous continuons d’avoir espoir que le gouvernement comprendra davantage notre initiative et redoublera d’efforts dans ce sens. Au-delà du Bénin, nous sommes reconnaissants envers l’ONG Africa Mondo et le Ministère chargé de la Culture en Haïti.
IDM : Quelles sont vos ambitions futures pour le festival ?
Le festival, nous y croyons énormément. Nous voulons faire du Festival Couleurs d’Afrique, ce que le MASA d’Abidjan représente pour la Côte d’Ivoire. Nous avons surtout envie de voir notre pays le Bénin cité comme carrefour qui sert de vitrine pour la valorisation des patrimoines matériels et immatériels du continent africain et de ses diasporas. Vous connaissez le Visa For Music au Maroc. L’événement fait qu’aujourd’hui, qu’on le veuille ou pas, chaque année, le Royaume du Maroc accueille des centaines de festivaliers de plusieurs nationalités. Il faut qu’on en arrive également à ce niveau. Il faudra qu’un jour, à travers notre festival, que l’économie béninoise s’accroisse également.
IDM : Quel est l’appel que vous avez à lancer pour clôturer cet entretien ?
Je dirai à tous ceux qui connaissent le Festival Couleurs d’Afrique et ceux qui découvrent cela à travers votre plateforme que nous avons besoin de mettre ensemble nos forces pour réussir à révéler davantage notre continent sur le plan culturel et artistique. Nous avons de l’ambition pour la culture du continent et avons commencé par l’exprimer. Merci de nous soutenir et de se joindre à nous pour qu’on gagne ensemble. Les partenaires et sponsors qui doutent encore, nous leurs demandons de nous faire confiance. Nous sommes toujours disponibles et apte à avancer. Nous sommes joignables au 00229 97 85 22 79 / 00229 64 63 89 25 / 00229 95 71 89 48 / Mail : association.cdia@gmail.com .
IDM : Mr Ériyomi E. ADÉOSSI, merci
Merci infiniment à vous pour cet entretien
Propos recueillis et transcrits par Loris Mahouton
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