Hounnongan Missihoun au sujet de la croyance en vodoun « La réceptivité est le premier élément de la manifestation de la foi dans le vodoun »
A l’occasion de la fête des religions africaines, le 10 janvier dernier, Hounnongan Missihoun, Dégbègni Hontonnou André à l’Etat civil a accordé une exclusive interview à votre journal Info Du Moment. A bâton rompu, nous avons échangé avec l’inspecteur de l’enseignement secondaire sur la signification de la fête du 10 janvier et surtout ce qu’est le vodoun en général. Voici l’intégralité de l’interview.
Quelle est la signification du 10 janvier selon vous en tant que Béninois ?
C’est un jour statutaire puisque la fête est désormais statutaire. C’est sur la base de notre statut de religion africaine, de spiritualité africaine que cette fête a été instaurée. Deuxièmement, c’est la fierté d’appartenir à une nation mais surtout, la fierté d’appartenir à une communauté exterminée que l’on a réduite au silence mais qui n’a jamais su se taire et qui a gardé son élan communautaire jusqu’à aujourd’hui. C’est la fierté de vivre dans un pays où une action gouvernementale, un programme gouvernemental déicide de faire la promotion des arts et cultures de Vodoun. Voilà la signification que cela revêt. C’est de la fierté au plus profond de nous.
Vous êtes adepte de quelle divinité s’il vous plaît ?
Quand on est dans le vodoun, on y est full stop. Mais je suis intronisé Hounnon Hôssou de Tron Kpéto Déka Alafia en décembre 2019. Chez moi, vous avez le thron, vous avez les accompagnateurs de Thron, mais je suis aussi un Hounnon de Sakpata, je suis Hounnon de Doudoua, je suis Hounnon de Lissa, j’ai Hoovi chez moi, j’ai Ogou chez moi, j’ai Lègba chez moi aussi. Et le tron tient une place centrale, une place de coordination pour les autres divinités parce que c’est la divinité divinatoire chez moi. C’est donc elle qui me permet d’aller vers les autres divinités et qui me permet de leur donner la main pour la résolution des problèmes sociaux et peut-être des problèmes de prospérité aussi.
Au sein de votre panthéon, qu’est-ce que vous avez eu à faire ce 10 janvier pour commémorer cette fête ?
Tout d’abord, nous avons depuis hier prié. Moi par exemple, mon panthéon compte 19 divinités. Nous sommes passés devant chaque divinité. Ce jour-ci, nous l’avons réservé pour le système de protection. Nous avons donc prié pour nous-même, la localité où nous sommes, notre village, notre arrondissement, notre commune, notre département et notre pays.
Qu’avez-vous à dire à ceux qui rejettent le vodoun ?
Si quelqu’un veut connaitre le vodoun, qu’il fasse l’effort de rencontrer un vodounon et qu’il pose ses préoccupations. C’est la seule voie pour le connaitre. Je passe par le même canal pour dire à ceux qui ont rejeté le vodoun, d’arrêter d’en parler. Ils ne sont pas qualifiés pour parler du vodoun étant donné qu’ils l’on rejeté. Je voudrais demander à ceux qui sont vodouno-sceptiques de faire l’expérience et d’arrêter de faire des discours qui n’ont pas de sens sur le vodoun. Vous ne pouvez parler d’une chose que lorsque vous connaissez et que vous avez expérimenté la chose. J’ai reçu les gens ici qui ont vu le vodoun une première fois mais qui ont confessé de détruire le vodoun. Mais leur première rencontre avec le vodoun ont été une joie immense dans leur vie parce que tout ce qu’ils ont comme problème, le vodoun leur a révélé. Le vodoun appartient au système fâ. On ne peut pas séparer le fâ du vodoun. Le vodoun est le prolongement du fa. Si vous voulez savoir ce que le vodoun est, ce qu’il fait, essayez le vodoun. Le vodoun n’a pas besoin de votre foi pour régler votre problème. Il a besoin des actions et il a besoin d’un comportement chez vous. La réceptivité. Et c’est le premier élément de la manifestation de la foi dans le vodoun. Vous avez reçu. Quand vous dites aux gens, bonne fête, Dieu te fera ci ou ça, vous dites je reçois. C’est le premier comportement spirituel et quand vous avez ce seul comportement, ça suffit déjà pour que le vodoun vous montre le chemin et que vous commencez déjà par bâtir votre foi dans le vodoun. Ça je le défends partout où je passe. Le vodoun est un trésor. L’inculturation est un phénomène de désastre culturel pour nous.
Hounongan Missihoun, merci.
C’est moi qui vous remercie
Propos recueillis par Ghislain Dossa Kakpo
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